Quand Elmer Food Beat déboule sur les ondes au début des années 90, textes égrillards en étendard et humour en bandoulière, il est difficile alors d'imaginer que ce rock bon enfant ferait encore référence trente ans plus tard, drainant dans son sillage des foules de fans toujours fidèles. Difficile aussi de concevoir que les galipettes - consenties - de « Daniela » ou de « La grosse Jocelyne » pourraient aujourd'hui contribuer à gratifier le groupe de qualificatifs comme « féministe » et « engagé ». Ce sont pourtant des mots que l'on rencontre dans le livre d'Adèle Fugère, partie en rendez-vous avec ces fans et ces fans-femmes qui n'ont que faire de la bien-pensance, pourvu qu'on en rigole. Faisant fi des tentatives récentes de censure, les artistes et leur public continuent de se retrouver très régulièrement, pour des shows rock et chauds, chaussant slibard et casquette. Le plastique, quant à lui, est toujours aussi politique : fantastique lorsqu'il s'agissait de promouvoir le port du préservatif ; dramatique quand il alerte sur la pollution des océans. Adèle Fugère se livre à un récit à l'image du groupe, enlevé, drôle et léger, faisant transpirer entre ses lignes la tendresse qu'Elmer et ses aficionados lui inspirent.