La production artisanale des boissons traditionnelles à base de maïs n’est pas une pratique très ancienne. Cette activité remonte aux alentours des années soixante, avec les mouvements des marchands migrants du Nord-Cameroun qui, mus par l’envie de conserver leur habitude de consommation (boissons à base de mil ou de Sorgho), ont stimulé la pratique à Obala. Produites essentiellement pour des besoins familiaux, les boissons traditionnelles ont connu une progression notable, au cours de ces trois dernières décennies, faisant suite aux différentes crises économique et sociopolitique endogènes et exogènes qu’a connues Cameroun. La déprise des produits agricoles dits de rente (Café à l’Ouest, et Cacao au Sud) a accéléré la mise en place de la filière de production des boissons traditionnelles à base de maïs. À la suite d’une recomposition socio-spatiale sur les Hautes Terres du Cameroun (Ouest et Adamaoua), le maïs qui est la céréale la plus consommée des Camerounais (PNDFM , 2012), a vu sa production doubler et par ricochet ses usages. Cependant, la production maïscole locale n’a pas suivi les exigences macroéconomiques de l’offre et de la demande. Ce déficit justifie la ruée vers les grands marchés de collecte et d’approvisionnement (N’Gaoundéré, Bafoussam), par le biais d’une économie géographique qui a le mérite de rapprocher la matière première de son lieu de transformation. Les logiques et les stratégies d’acteurs trahissent des innovations qui sont susceptibles au demeurant, de renforcer durablement l’intégration socio-économique des bénéficiaires à condition que les régularisations suivent.