La physionomie d'une ville ne se résume pas à l'allure de ses édifices considérés individuellement mais aussi à la manière dont ils sont associés. Harmonieusement parfois ; pas toujours. C'est précisément aux imperfections que s'intéresse cet ouvrage, à la foule de détails dont les amateurs de butinage urbain peuvent faire leur miel. Les curiosités ordinaires – bicoques insolites, décalages de toitures, juxtapositions stylistiques surprenantes, immeubles en retrait, raccordements acrobatiques, appentis triangulaires – sont innombrables.
Peut-on donner un sens à ces irrégularités banales en cherchant à comprendre leur raison d'être, ce qu'elles signifient au-delà d'elles-mêmes ?
Oui, si on considère que les rues sont des œuvres collectives complexes, nécessitant l'intervention d'une foule d'acteurs sociaux chargés de tracer la voie, d'aménager les trottoirs, d'édicter les règlements, de construire les immeubles... Ces édiles, architectes, ingénieurs, propriétaires d'immeubles, investisseurs privés ou institutionnels n'ont pas les mêmes intérêts, pas les mêmes idées ni ne disposent des mêmes moyens pour parvenir à leurs fins. L'allure des rues traduit leurs accords, leurs compromis ou leurs brouilles, dans un curieux mélange d'harmonie et disharmonie.