Alan Lomax naît au Texas en 1915. Il est le fils de John Lomax, universitaire précurseur des études dites « folkloriques » qui consistent à recenser le patrimoine des chansons populaires par la collecte directe sur le terrain. Alan Lomax accompagne son père dès ses 17 ans dans ses activités de recensement. Ils parcourent ensemble le sud encore ségrégué pour enregistrer au moyen d'un énorme graveur de disques d'acétate la musique telle qu'elle se pratique dans les prisons, les églises noires, les plantations, les chantiers de construction, les bars clandestins, pour le compte de la bibliothèque du Congrès de Washington. Il poursuivra cette activité de mise en lumière de la richesse de la musique populaire, et noire en particulier, tout au long de son existence, et a fait découvrir de nombreux artistes de blues au public blanc à qui cette musique n'était pas d'emblée destinée. On lui doit le triomphe de Leadbelly, de Muddy Waters, de Memphis Slim ou encore de Jelly Roll Morton. En 1938, il propose d'ailleurs à ce dernier de raconter sa vie devant un micro, et tire des captivantes huit heures d'enregistrement ainsi recueillies une biographie orale, une première, publiée en France sous le nom de Mister Jelly Roll. C'est cette première tentative qui lui inspire le projet de Blues in the Mississippi night : au delà des chansons, il collecte régulièrement les récits de vie de leurs interprètes, restituant ainsi la profondeur sociale, et même politique, d’œuvres qui pourraient sembler désuètes à l'oreille non avertie. Si c'est la musique noire du sud des États-Unis qui aura été sa plus grande passion et son lègue le plus précieux, il a également collecté des chants traditionnels aussi bien en Angleterre qu'aux Bahamas, en Italie ou ailleurs, grâce à des outils d'enregistrement devenus plus aisément transportables au fil du temps. Il a aussi été animateur radio de nombreuses années pour faire entendre au plus grand nombre les génies insoupçonnés qu'il avait rencontrés, a été manager pour certains de ces artistes, a édité d'innombrables disques, tant des sessions studio de ses voix favorites que des anthologies thématiques de ses enregistrements de terrain (les fameux « field recordings »). En 1993, il publie son autobiographie The land where the blues began, récit trépidant qui s'étend de 1942 à 1979 de ses chasses au trésor musicales dans le « deep south », et mine d'information sur la culture africaine-américaine du Delta du Mississippi qui porte encore en elle l'horreur d'un esclavage pas tout à fait aboli. Le livre a paru en 2012 aux éditions Les fondeurs de brique, et c'est pour le moment tout ce qu'on peut lire de la plume de Lomax en français. Alan Lomax meurt en 2002, laissant des milliers d'heures d'enregistrement, source inépuisable de découvertes et d'émotions, et dont l'influence a été considérable sur la culture populaire, puisque ce blues qu'il a fait connaître a été ensuite plagié par les plus grands noms du Rock’n’roll triomphant des années 1960 et 1970 ; il n'est pas rare de reconnaître dans l'un de ses chants de prison un tube planétaire...Bibliographie en français :Alan Lomax, Mister Jelly Roll, Flammarion, 1964Alan Lomax, Le pays où naquit le bues, Les fondeurs de briques, 2012Sélection bibliographique en anglais :John A. Lomax and Alan Lomax, American Ballads and folks songs, The Macmillan Company, New York, 1934- John A. Lomax and Alan Lomax, Negro Folk Songs as Sung by Leadbelly, The Macmillan Company, New York, 1936- Alan Lomax, Mister Jelly Roll: The Fortunes of Jelly Roll Morton, New Orleans Creole and “Inventor of Jazz”, Duell, Sloan and Pierce, 1950,- Alan Lomax, Raoul Abdul, 3000 Years of Black Poetry, Dodd Mead Company, New York,1969. - Alan Lomax, The Land Where the Blues Began , Pantheon Books, New York, 1993- Alan Lomax, Selected Writing 1934-1997, Routledge, New York, 20
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