Les psaumes, quoique fortement intégrés à la prière liturgique - jusqu'à former le fond même de l'office pour ceux qui prient selon la Liturgie des Heures - passent pour être d'une approche difficile. Cette difficulté ne provient certainement pas de ce qu'ils seraient écrits en termes abstraits, accessibles seulement aux théologiens et aux intellectuels. Mieux vaut, pour situer la difficulté là où elle est vraiment, imaginer un champ de cent cinquante tulipes qui seraient arrivées au terme de leur croissance mais sans avoir encore atteint leur éclosion. C'est en effet ce que seraient les psaumes, si la foi chrétienne, celle du Nouveau Testament, celle d'après et non d'avant Jésus-Christ, ne leur permettait pas de s'épanouir et de livrer enfin, dans la beauté de leurs couleurs, la richesse de leur sens qui, comme celui de tout l'Ancien Testament, reste en partie caché tant qu'il ne se révèle pas dans la lumière du Christ, dans la lumière de sa prière afin qu'elle soit aussi la nôtre. C'est donc toute l'ambition de ce livre que d'être une édition des psaumes enrichie, illuminée de ce qui, sans l'abolir, mène à sa perfection la prière des générations précédant le Christ. C'est pourquoi le Frère Jean-Marie Martin a inclus, inséré dans le texte initial, les passages de l'Évangile et des lettres apostoliques, ou des poètes chrétiens - très particulièrement Claudel - qui nous permettent de mettre sur nos propres lèvres, en les mettant d'abord sur celles du Christ, toute la substance de la prière fondamentale d'inspiration biblique : celle du livre des Psaumes.