Casablanca, Maroc... Zohair, alias le Petit pirate, introduit auprès de Lancelot son alter ego Farid, alias le Petit cyclone. Zohair pense que Farid pourrait être pour sa sœur Samira l’époux idéal, mais il y a, dans la vie et le comportement de ce dernier des zones d’ombre sur lesquelles il aimerait faire la lumière. Qui mieux que Lancelot, son mentor, pourrait éclairer le passé que Farid tient caché? Car Farid ne demande qu’à rencontrer Lancelot afin de se confesser à lui.
Au-delà de cette confession, il y a la bouche des témoins, notamment de Hassan, jadis protecteur de Farid: couche après couche, nos personnages vont descendre dans le passé de Farid jusqu’à la découverte de ses racines tragiques, apocalyptiques. Ici, le Royaume n’est pas seulement le Maroc contemporain, en proie aux convulsions de l’Histoire mais, peut-être, surtout, l’empyrée d’où nos héros sont tombés, le Ciel dont ils gardent la nostalgie au milieu de l’horreur des événements (émeutes, tentatives de coups d’État, viols, sexualité débridée). Une étoile conduit leur démarche à travers la traque et la folie. Si bien que, au terme du roman, l’Histoire, malgré ses engrenages sanglants, finit par basculer dans la légende.
Tout en peignant des situations historiques, ces Trois naufragés du Royaume refusent de porter atteinte aux personnes. Le livre se contente de peindre la condition humaine, l’aliénation des systèmes et les refuges qui permettent de passer à travers les mailles du malheur. Il faut y voir le pendant marocain d’un chef-d’œuvre algérien de Millecam : Et je vis un cheval pâle.