14 juillet à Nice. Vers 22h30, selon une dépêche de l'AFP, un camion a foncé à pleine vitesse sur les personnes qui se trouvaient sur la promenade des Anglais, provoquant un mouvement de panique. Il y aurait de nombreuses victimes...
Coup à l'estomac, souffle coupé, sidéré, David reste un moment sans réaction à l'écoute de cette dépêche. Dire que cette nuit il aurait pu perdre sa femme, sa fille, ses petits-enfants. Ces pensées le glacent. D'autres images viennent se superposer : les rues d'Alger ensanglantées, le ballet des gyrophares et des sirènes, la mort qui rôde, le sentiment d'effroi, d'impuissance, les montées de colère, de révolte...
David bascule dans l'écran noir du lointain, sur l'autre rive de la Méditerranée, en cet été 62. C’était l’époque où il fallait choisir entre la valise ou le cercueil. Comme d’autres jeunes, il avait décidé d’entrer en résistance, coup de tête d’adolescent qui se sent confronté à une injustice. Il n'avait même pas 20 ans, et il avait suffi d'une mèche pour faire exploser sa vie.