"J’ai toujours marché en ville, partout où j’ai habité, même dans les cités nord-américaines inhospitalières au piéton. Marseille n’est pas une ville facile à marcher, je m’en suis rendu compte dès mon arrivée. Pourtant je l’ai aimée dès le premier jour. Maintenant que je la connais bien, qu’au fil des ans elle est devenue ma ville, je veux frotter mes semelles à cette difficulté : être piétonne à Marseille.<br /><br /> Cet empêchement de circuler à pied, sorte de reproche adressé à ma volonté d’avancer sur deux jambes, m’a entraînée à la découverte de la ville autrement. J’ai arrêté mon regard ailleurs que sur les grands monuments, prêté attention aux détails du quotidien, aux signes officiels des panneaux, aux messages militants des affiches et des graffitis, exploré des quartiers où je n’étais jamais allée, étudié le nom des rues, les visages des statues, l’histoire de choses disparues. Interrogeant la ville à hauteur de regard, j’ai prêté attention au détail qui étonne en passant."<br /><br /> Laure Humbel est médiatrice culturelle dans les musées de Marseille.