Ce livre rassemble 175 photographies d'intérieurs berlinois réalisées entre 1903 et 1920, pour le compte d'une enquête " hygiéniste " sur l'habitat menée par une caisse locale d'assurance maladie des métiers du commerce. L'objectif de cette campagne photographique d'ampleur était d'inciter à l'amélioration de l'habitat berlinois et à l'éradication de l'insalubrité.

Cette collection est exceptionnelle dans l'histoire de la photographie, à plus d'un titre :

par son thème : approche photographique des espaces domestiques en présence de leurs occupants ;

par son époque : juste avant et pendant la Grande Guerre ;

par sa durée : sur deux décennies ;

par son unité de lieu, au cour de Berlin ;

par sa prouesse technique : photographier des intérieurs sombres constitue une difficulté majeure.

Le document dans son ensemble renseigne également tout un pan de l'économie liée au travail à domicile. L'articulation logement/atelier est très explicite : on perçoit l'espace du travail et les dispositifs techniques qui s'y rattachent.

Par leur qualité, leur vérité, leur rigueur documentaire (notamment par la précision des légendes), elles sont saisissantes et peuvent susciter un certain effroi au vu des conditions d'habiter une métropole ouvrière au tournant du xxe siècle. Elles nous font pénétrer au sein des foyers et de l'espace privé des classes populaires, dans l'univers des mal logés et même des sans-abri qu'on y accueille.









Philippe Bonnin, architecte DPLG, anthropologue, photographe, est directeur de recherches au CNRS. Il est auteur ou co-auteur de plusieurs ouvrages aux éditions Créaphis : Images habitées : photographie et spatialité, 2007, D'une maison l'autre : parcours et mobilités résidentielles, 1999 ; L'île Carn : rencontres en bordure du temps, 2002 ; Ville mobile, 2003 ; Loges, concierges et gardiens, 2006 et Belleville : un quartier populaire ?, 2010.

Aux éditions du CNRS, il a dirigé le livre Vocabulaire de la spatialité japonaise en 2014, qui a reçu le Grand Prix de l'Académie d'Architecture.



Margaret Manale, historienne et germaniste, ingénieure au CNRS, est l'auteur du livre Le Mur de Berlin, La Documentation française, 1990 et de plusieurs articles : " Berlin : la ville comme exposition " in L'Homme et la Société (n° 145, 2002) ; " Berlin : La modernité faite mythe " in Les Temps modernes (n° 625, 2003) ; " Berlin sans frontières ? " in Espaces et Sociétés (n° 116-117, 2004).

Elle est aussi traductrice, avec Louis Janover, de Gustav Landauer, La Révolution, Arles, Sulliver, 2006.