La plupart des textes de ce recueil se situent dans une réalité mouvante, sorte de no man’s land où la loi des contrai res n’a plus cours : les frontières qui, supposément, séparent le réel du surnaturel, la raison de la folie, la veille du sommeil ou la vie de la mort, caduques, n’existent plus. On circule ici d’un monde à l’autre sans même s’en rendre compte et souvent sans traumatisme, à l’instar de cet homme qui, découvrant tardivement son invisibilité, loin de s’en affoler, y voit un don du ciel ; quelques figures illustres sont du voyage : l’esprit de Paul-Jean Toulet vagabonde en quête d’une bouteille de rhum ; Arthur Rimbaud confirme sa vocation de « voyant » et il suffit d’écrire : « Je rêve que je suis Gérard de Nerval » pour endosser l’habit gris de perle du poète, pour le meilleur et pour le pire … Nous en venons à nous demander, comme le Drogo du « Désert des Tartares » : « Et si tout était une erreur ? ».