Tout horizon est une chimère, qui désigne aux confins du visible une limite inatteignable, toujours repoussée, toujours renouvelée. Pure virtualité, l'horizon suggère une disjonction extrême entre le regard et le corps, matière à rêverie nous renvoyant en dernière instance à notre condition d'êtres irrémédiablement situés. C'est autour de ce motif que l'exposition au musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg rassemble des ouvres d'Ed Ruscha (né à Omaha, Nebraska, en 1937 ; vit à Los Angeles) et de Jean-Marc Bustamante (né à Toulouse, en 1952 ; vit à Paris). Peintures, photographies, dessins, sculptures et livres, datant des années 1960 à aujourd'hui, sont à cette occasion confrontés selon un réseau d'affinités et d'échos qui préserve la singularité de l'approche propre à chacun des deux artistes.

L'ensemble propose ainsi une méditation à deux voix sur la notion de paysage contemporain, et sur les prolongements que trouve celui-ci, chez Bustamante comme chez Ruscha, dans l'exploration de la dimension horizontale. Un texte de Céline Flécheux sur la notion d'horizon en peinture éclaire ce rapprochement par une perspective historique et philosophique et celui de Jean-Pierre Criqui, commissaire de l'exposition, commente et analyse cette rencontre inédite entre les ouvres des deux artistes. Une série de prises de vue dans les salles d'exposition permet également d'en rendre compte, ainsi que du parti pris de la scénographie.

Le format de l'ouvrage, 31 x 31 cm, soit les dimensions exactes d'un disque 33 tours, fait écho au recueil de poèmes L'Horizon chimérique de Jean de La Ville de Mirmont (1886-1914), mis en musique par Gabriel Fauré en 1922. Le graphisme de Philippe Millot fait par ailleurs honneur à ce projet d'exposition audacieux, laissant toute la place aux reproductions des ouvres.

Auteurs
Sous la direction de Jean-Pierre Criqui, historien et critique d'art, rédacteur en chef des Cahiers du Musée national d'art moderne (Centre Pompidou)
Avec les contributions de Céline Flécheux et Jean-Pierre Criqui
Florian Kleinefenn, photographies