Où que l’on soit, à n’importe quelle extrémité de la terre ou du cosmos, sur les marches d’une école ou au rebord d’une fenêtre, oui !, où que l’on soit, il y a toujours un endroit silencieux d’où l’on peut s’élever avec, à chaque pied, des ballons gonflés d’étoiles et de souffles grandioses. Un endroit stable et paisible fait de rêves à la lisière des nuages. Car, pas un objet, pas un être, pas un soupir qui, à chaque mouvement de l’air, ne danse avec son double. Ils valsent, solitaires, nous traversant sans nous voir, l’un dans l’éclat de l’autre. Quelques chanceux parviennent à les distinguer : des enfants ! Ou des grands enfants, mais c’est plus rare ! Derrière un reflet, un oiseau, un rire dans le lointain, un ciel sans tache, une robe de soie, ces veinards distinguent leurs répliques colossales, tournoyant l’un avec l’autre, l’un dans l’autre, libres comme l’air. À chaque double, son écho magistral…

Sous leur regard – pas si innocent – se multiplient des trésors jaillissant à l’infini. Des corolles de pétales bigarrés qui se tordent de rire, des confettis multicolores qui voltigent sans chuter, des fourmis géantes qui par des lendemains fougueux avancent à pas de loups et des pigeons qui voyagent derrière une colonne de diablotins sauvages galopant au-dessus d’herbes folles. Tous, libres comme l’air.

Quand je serai enfant n’est pas seulement une histoire en mémoire de Janusz Korczak. C’est une fable qui se voudrait être un échange heureux et juste entre le monde de l’adulte et celui de l’enfant pour que le dialogue, quand l’un se tient face à l’autre, à même hauteur de coeur, ne cesse jamais.