Il y a autant de regards sur la vie qu’il y a d’individus. Dans Regards croisés, c’est la confrontation de celui d’une photographe qui a vécu la guerre des Balkans – et qui, telle Vivian Maier, vit de petits boulots pour nourrir son art – et de celui d’un homme qui « aurait voulu être un artiste » et qui l’est devenu. Leurs thèmes sont autant philosophiques que poétiques, dans les photos comme dans le texte. La place de l’importance du hasard, des choix, de la subjectivité est le fil rouge du livre. L’esthétique le fil vert. Faire un pas de côté, s’émerveiller du quotidien, être à l’affût de l’extraordinaire. Ce livre porte une interrogation sur le sens et le non-sens de la vie. Accablés de malheurs et de peurs, nous avons tous besoin d’une respiration de lumière.

Regards croisés est un livre d’émergences. Il y a dans la vie des points de bascule, des moments précis où elle bifurque, où elle change de sens, où elle nous réinvente. Une rencontre, un hasard, une confrontation. L’art, de quelque nature qu’il soit, a ce don de donner à la vie une dimension de contemplation,  car la création est le contraire de la consommation.  L’art est subjectif, éminemment révélateur des mondes personnels. Ici, dans ce livre, de la confrontation de ceux de Mariposa Fa et de Michel Finsterwald émerge un nouveau monde où deux et deux font cinq.