Nous avons vu ce peuple, asservi par Rome, au moment même de l’apparition du Christ, chassé de sa patrie, vendu comme bétail en foire, dispersé aux quatre coins du monde... Quelques instants de repos et de gloire lui sont accordés en Espagne vers le XIIe siècle mais la tempête reprend bientôt...
Au moment où s’ouvrent les temps modernes, ils sont chassés comme Juifs de tous les pays d’Europe, n’ayant plus le droit de vivre qu’à la condition d’abjurer leur foi religieuse... Ceux qui le peuvent essaient de fuir les regards inquiets de l’Inquisition : ils se réfugient comme au hasard en Afrique, en Italie, en Orient, d’autres à Londres, à Amsterdam, à Bordeaux...
Ceux qui arrivent à Bordeaux à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe, sont en petit nombre. Tous se cachent sous le nom de nouveaux chrétiens. Bientôt les uns sincères dans leur nouvelle foi verront leurs descendants perdre jusqu’au souvenir de leur origine. Les autres, fidèles en secret à la loi de Moïse se courbent officiellement sous le joug du culte catholique... Ils ne vivent qu’à la condition du mensonge, mais ils vivent.
Au commencement du XVIIIe siècle, la tolérance conserve aux Israélites de Bordeaux, désormais reconnus comme tels, les privilèges qu’ils avaient reçus en qualité de nouveaux chrétiens, et ferme presque les yeux sur l’exercice de leur culte.
Après les époques de persécution, de mensonge et de tolérance, arrive celle de la liberté des cultes et de l’égalité civile et politique... »
Le présent ouvrage — entièrement recomposé et abondamment illustré — est la réédition de l’œuvre originale, imprimée en 1875. Un texte capital et indispensable pour comprendre l’histoire de Bordeaux et de sa région.