Leontin J. Constantinescu, Vintila Horia et Sanda Stolojan sont trois intellectuels roumains de marque, issus de la même génération et appartenant par leurs origines et leur formation à la bourgeoisie roumaine de l'entre-deux-guerres. C'est pourquoi ils vont partager tous le même destin après la Deuxième Guerre mondiale, lorsqu'ils vont se retrouver soit dans l'impossibilité de rentrer en Roumanie, soit dans la situation d'accepter l'exil en tant qu'unique solution pour échapper aux incessantes persécutions de la part du nouveau régime communiste de Bucarest. À partir de l'analyse de leurs journaux intimes, le parcours des trois exilés roumains est soumis ici à une fine analyse du "tournant de vie", pour reprendre une expression de Vincent de Gaulejac, exprimée par Predoiu comme "l'existence d'un moment de crise profonde dans l'évolution de tout exilé et - par rapport à ce moment - d'un avant et d'un après, deux moments différents au niveau de la perception de soi et de son propre statut dans la nouvelle société d'accueil". La démonstration rigoureuse de chaque parcours en fait émerger à la fois ce qui est commun aux trois auteurs et ce qui leur est spécifique.