Les lieux et les dates ne sont pas précisés mais l'on devine que l'histoire se passe dans le sud-ouest à la fin du XVIIe siècle. Sur une grève de France viennent s'échouer les tristes restes d'un bateau naufragé dans la nuit. Un seul être vivant au coeur de cette désolation : une petite fille, survivante de la tragédie. Elle a la peau sombre, elle ne prononce pas un mot. C'est une petite Sarrasine. Ceux qui la recueillent la nomment Garance, en souvenir du turban rouge qu'elle portait le jour de sa découverte. Monnayée comme dette de jeu, elle est recueillie par de braves aubergistes et grandit dans ce grand “déménagement immobile” qu'est leur relais pour voyageurs. Son amour pour Bastien, un jeune musicien du voisinage, mobilisé au nom du roi de France pour aller se battre dans le nord-est de la France, l'amène à partir à sa recherche. Après avoir croisé des troupes d'hommes hagards dans des lieux dévastés par la guerre, elle finit par le retrouver. Ils sont recueillis par une troupe de bohémiens, mais Bastien le déserteur est rattrapé par l'armée et emmené aux galères. Garance, qui vient d'accoucher d'une petite fille, retourne chez ses parents. Un seigneur de la région la convoite et elle doit s'enfuir. Elle rejoint les huguenots au désert dans les montagnes et participe à leur lutte contre les armées royales. Séraphine, sa fille, apprend à lire et se passionne pour le théâtre. Quand le seigneur meurt et que Bastien revient, ils retournent à l'auberge vivre enfin tranquille. C'est à la découverte circonstanciée de l'histoire de Garance, petite fille ballottée dans le grand vent de l'Histoire, et bientôt adolescente puis femme épanouie, que nous convie François Place en une trentaine de chapitres courts, dans une langue romanesque et tonique d'une grande fluidité. Une riche galerie de personnages vient enrichir ce beau portrait, avec en toile de fond, bonheurs et drames mêlés, les convulsions d'une époque troublée. Destiné aux pré-adolescents et adolescents, ce récit intense d'un touchant destin de femme, et de sa volonté de résister et de donner “la parole” à sa fille, est proposé en “tableaux”, illuminés par les illustrations de François Place.