Tristan et Iseut, Héloïse et Abélard - le sentiment amoureux a divinement inspiré les auteurs du Moyen Age. Mais, fait moins connu, si au quotidien la libido reste sous étroite surveillance, le sexe et les plaisirs de l'amour physique ne sont pas interdits. D'Héloïse à Juliette, Jean Verdon dresse un amusant et très sérieux panorama de l'amour, avec le mode d'emploi...

Pour l'Eglise, l'amour est une passion inquiétante qui fait perdre la tête. D'ailleurs, saint Augustin qui eut une jeunesse orageuse l'expliquait en connaissance de cause... Entre les époux ne doit régner qu'une tendre affection, sans place pour le plaisir physique, et le mariage n'a d'autre but que la procréation. Pourtant, les oeuvres littéraires nous parlent d'amour, de sexe aussi. Ainsi, les troubadours proposent un art d'aimer. Une "carte du tendre" s'élabore et la sexualité n'est pas si mal connue, d'autant que les Arabes tout proches ont une culture raffinée de l'art amoureux... Au vrai, le sentiment amoureux existe, même à l'intérieur du mariage. Eginhard, dans la première moitié du IXe siècle, ne cache pas son immense douleur après la mort de son épouse.. Des rapts ont lieu, avec le consentement des jeunes femmes, pour permettre des unions que refusent les familles. Hors mariage, l'amour triomphe aussi ; ainsi le concubinage de saint Augustin ou la passion éprouvée par Héloïse et Abélard... Historien du Moyen Age, spécialiste de la vie quotidienne, Jean Verdon a pris un réel plaisir à composer ce manifeste de l'amour au temps des troubadours et parvient avec finesse à montrer comment les hommes vivent réellement un sentiment qui met en jeu à la fois le corps et l'esprit.