C'est un original, ce Grotius. Quand les étudiants secouent la poussière d'une culture décadente, lui, Grotius, s'attarde dans les savoirs démodés. Et tandis que les mots d'ordre sont à la libération tous azimuts il manifeste un irrésistible penchant pour la servitude volontaire. Bien que le mariage ne lui dise rien et Césarine guère plus, bien que l'enseignement ne soit pas son affaire, il se marie, devient enseignant, voit venir les enfants et partage sans révolte les désenchantements de toute une génération d'intellectuels. Fait comme personne, Grotius finit par faire comme tout le monde. Il s'accommode. Accumulant des fiches pour une grande oeuvre qui ne verra jamais le jour, il pense, il rêve, il observe, jusqu'au jour où la mort et l'amour viendront rôder autour de lui. Roman à l'image de Grotius "homme triste par nature et gai par culture" au charme profond et insolite. Vaste fresque ironique et tendre de cette génération payant au prix fort son incorrigible adolescence.