Résumé
Aragon ne ressemble pas à l'image que l'on a de lui, celle d'un poète qui, après avoir pris part à l'aventure surréaliste, a recouru à la rime et à des formes traditionnelles pour chanter la France résistante, le parti communiste et l'amour d'Elsa. Sa voix propre est sans doute moins célèbre que celles que lui ont prêtées les chanteurs. Il arrive en effet qu'on ne voie en lui qu'un parolier de génie, surtout quand on néglige de "commencer par le lire". Sa poésie, il est vrai, n'est pas un rébus ; elle demeure une parole intelligible, ce qui la rend accessible, ce qui permet aussi à ses non-lecteurs de se méprendre à son propos. Aragon, à qui le lit, apparaît comme le poète du mouvement perpétuel. Inventeur de formes et de mètres nouveaux, il ne s'en tint jamais à ses découvertes, continua de se renouveler, contesta les genres anciens sans les refuser : en les utilisant. Comme Hugo (vu par Mallarmé), "il était le vers français personnellement". Comme Hugo encore, il eut plusieurs cordes à son instrument et n'en négligea aucune. Voici donc toute la lyre d'Aragon, rassemblée, ainsi qu'il l'a souhaité, dans l'ordre chronologique, depuis Feu de joie jusqu'aux Adieux en passant par des traductions et des textes épars dont cette édition offre le recueil le plus complet jamais réalisé. On a pris l'habitude de distinguer trois périodes dans ces soixante années de création : l'appel à l'imaginaire des époques dadaïste et surréaliste, la quête de la réalité à travers les noces de l'écriture et du militantisme (dont la poésie de la Résistance est la plus belle illustration), le lyrisme intime, enfin, qui offre une incessante relecture de soi via une diversité inouïe de formes. Ces deux volumes montrent qu'Aragon, en fait, ne changea jamais tout à fait de matière, que tous les enjeux de sa poésie - la langue, l'Histoire, le sujet individuel - sont toujours présents, même si l'accent est mis tantôt sur l'un, tantôt sur l'autre. Son oeuvre poétique a l'unité, labyrinthique certes, mais incontestable, d'un océan. On en a beaucoup fréquenté les plages ; on peut désormais l'explorer jusque dans les grandes profondeurs.
L'Auteur
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Né à Paris le 3 octobre 1897, Aragon rencontre Breton et Soupault avec qui il fonde la revue Littérature en 1919. Il adhère au parti communiste en 1930, préside avec Jean Paulhan et Elsa Triolet à la fondation du Comité National des Écrivains et avec Jacques Decour à celle des Lettres françaises. Il meurt à Paris le 24 décembre 1982.
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Jean Ristat, poète, légataire universel, est le directeur des Lettres françaises. Il a publié de nombreux ouvrages et a permis la publication du livre inédit d'Aragon, J.R-75, Le Cadeau à Jean, publié aux Éditions Helvétius.
Franck Delorieux, écrivain, poète et photographe a notamment publié aux Éditions Helvétius, Le rameau vert et Regards sur La Havane.
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Olivier Barbarant, poète et critique littéraire, est entre autre l'auteur d'Odes dérisoires (Champ Vallon, prix Tristan-Tzara 1999) et d'Un grand instant (Gallimard, prix Apollinaire 2019).
Infos techniques
Publication : 20 avril 2007
EAN13 Livre relié : 9782070113279